Le chat noir en Bretagne

Chat noir de Bretagne

Ar kazh du e Breizh 

En Bretagne, le chat noir intrigue. Tant et si bien que de nombreux lieux portent son nom. C'est notamment le cas pour des bars à Combourg  et à Vitré, baptisés Le chat noir, un troisième à Brest (aujourd'hui fermé) a même inspiré la chanson du groupe Matmath "La fille du chat noir".
Autres lieux portant ce nom : deux discothèques, l'une à SaintAvé (Morbihan) , l'autre à Ploufragan (Côtes d'Armor).
Plus au nord, à Vieux Marché, un  restaurant baptisé Le chat noir en référence au célèbre cabaret parisien de Rodolphe Salis; mais aussi un camping du chat noir (Morbihan).

Dans un registre plus inattendu, à Saint Philibert, se trouve le Carrefour du chat noir. Un nom qui n'est pas dû à une légende mais à une imposante statue féline située autrefois au carrefour de St Philibert. Mais à force d'être repeinte, habillée, déguisée par des inconnus, cette statue a été enlevée et se trouve actuellement dans les locaux de la mairie.

Enfin un coiffeur lorientais arbore également le nom de Chat Noir, hérité des anciens propriétaires des locaux qui y avait créé un magasin de chaussures assez renommé. Le nom a donc été gardé et la façade arbore fièrement un chat noir (vous pouvez le voir sur la page Enseignes).

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Légendes bretonnes


Animal mystérieux, le chat noir a fait naître bien des légendes en Bretagne. Ainsi l'histoire des fées de la côte d'Emeraudes entre Saint Malo et le cap Fréhel, est relatée dans Les légendes de la mer de Pierre-Jakez Helias.
Les légendes de la mer PJE

" Un soir de pleine lune, des fées attirèrent des pêcheurs et plaisanciers en les invitant à leur ronde.
Une fois les malheureux pris au piège, elles les ont transformés en six gros matous noirs et six chattes blanches. Seule possibilité de retrouver leur forme humaine : tisser un manteau d'or pour les fées en utilisant le mica du sable des grèves. Une fois leur tâche accomplie, les malheureux retrouvèrent leur forme humaine mais l'histoire ne dit pas combien d'années avaient passé.
C'est peut être en souvenir de cette mésaventure que le mica gris de Saint Malo porte le nom "d'argent de chat".

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Il y a aussi "le chat d'argent" , chat noir qu'un sorcier échange contre son âme.
Celui qui souhaitait se procurer un chat d'argent se rend à un carrefour ou se croisent cinq routes et invoque le Diable. Un chat noir arrive alors, accompagné de divers animaux, dont un autre chat qui appartient au sorcier en échange de son âme. Une fois l'animal chez lui, le sorcier doit lui confier une bourse contenant une certaine somme d'argent. Le chat disparait alors, et revient le lendemain avec le double de cette somme.
On peut capturer un chat d'argent en restant plusieurs nuits à l'affut devant la croisée de quatre chemins, puis en l'attirant avec une poule morte. Une fois le chat d'argent capturé et mit dans un sac, il faut rentrer chez soi sans se retourner, quoiqu'on puisse entendre derrière. Le chat doit être enfermé dans un coffre, puis nourrit jusqu'à être complètement apprivoisé. Son maître trouvera par la suite une pièce dans le coffre chaque matin.

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Autre légende, celle de Saint Cado, îlot situé sur la rivière d'Ethel. Le lieu doit son nom au moine celte qui fit un séjour dans le pays de Vannes entre le Ve et le VIe siècle. Très populaire, une chapelle lui est dédié près de Hennebont.
La légende veut qu'il ait eu de nombreux démêlés avec le diable. Ainsi à Belz, il demanda au diable de relier l'îlot à la rive, celui-ci accepta en échange d'une âme : le premier qui traverserait l'ouvrage. Cado dupa alors le diable en y envoyant un chat noir qui courut vers le mâlin. De rage le diable laissa les dernières pierres dans la  rivière d'Ethel ; c'est là que se formèrent les rochers du Pont Lorois. Quand à Cado, il rit si fort qu'il tomba. A l'endroit de sa chute on fit construire le calvaire de Penn ar pont (le calvaire du bout du pont).

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Enfin, une superstition bretonne confère à toute personne trouvant ou possédant un chat noir à un seul poil blanc, une grande puissance !

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Bloavez mad d’ar c’hi ha d’ar c’haz, bec’h d’al logoden ha d’ar raz.

(Bonne année au chien et au chat, peine à la souris et au rat.)

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La Bretagne, terre de légendes mais aussi, et surtout, terre de marins.
Hélas, dans le monde maritime, le chat noir n'est pas le bienvenu, sauf en Angletterre où, au XVIII e siècle on "enrôlait" plusieurs chats dont un chat noir à bord de chaque navire.
En France, pour Colbert, Ministre de Louis XIV, le chat redevint un bien précieux. On oblige alors les navires de La Royale à avoir à son bord un minimum de deux chats pour préserver les denrées alimentaires  contre les rats, mais ne prononcez pas le mot "chat noir" à bord !... Tonnerre de Brest ! .... Ca  porte malheur !!  

Et pourtant............

Chat Noir bateau Patrick ViauChat Noir met les voiles

Patrick Viau, jeune architecte, designer naval, n'a pas hésité à braver toutes les superstitions quand il a concu et construit son bâteau Chat Noir, arborant un joli 13 sur la coque ! Un voilier iconoclaste de 4m de long sur 3 m de large, une révolution dans le monde de la navigation à en croire les spécialistes.

Chat Noir bateau Patrick Viau

Patrick Viau m'a confié une adorable anecdote, presqu'une complicité entre "Chat Noir" et les chats noirs  :

Le bateau a été construit dans le jardin chez mes parents, comme mon père et mon grand père l'ont fait eux mêmes, dans le même jardin ! La maison est située dans un petit centre ville bien animé niveau chats de toutes les couleurs, y compris un noir. Nous avons souvent plusieurs chats qui trainent dans le jardin, vu que notre "Kitty", jeune chatte, n'est pas très concernée par son territoire. Ce n'était pas le cas de notre regrettée "Moumoune", chatte sans queue, qui avait suivi le début du chantier. Bref, le chantier du bâteau était un véritable repère de chats en tous genres, et je pouvais facilement voir des traces de pattes un peu partout les jours de pluie (et de boue).

Le grand jour, où Chat Noir fut enfin prêt à sortir de sa tanière, ce fut un grand moment d'émotion et les mots" chat noir" étaient dans l'air. Une fois sorti du chapiteau à dos d'homme, attrappé par une petite grue à travers les arbres pour franchir le mur du jardin, mon Chat Noir avait pris la route vers la mer. Le chantier était resté dans un grand     désordre, tout ouvert. Le lendemain matin, en se levant ma mère eut un choc, en voyant non pas un mais deux chats noirs rôder dans le chantier ouvert à tout vent. Elle a sauté sur l'appareil photo pour immortaliser la scène. Elle m'a dit qu'elle en avait eu des gros frissons et une forte dose d'émotion. Sans doute un signe de la communauté habituée à s'abriter sous le "grand" chat noir, qui allait leur manquer ; mais aussi le fait que mon projet devenait réalité, de partir sur l'Atlantique, seul sur le bateau que j'ai dessiné et construit moi-même ici sous ses yeux.

Depuis lors, Chat Noir est adorable, en pleine forme et a déjà navigué sur de plus longues et difficiles expéditions que bien des voiliers. Je pense qu'il a hérité d'une âme, d'un caractère de chat indépendant, affectueux et joueur.

Patrick Chat Noir (c'est comme ça qu'on m'appelle sur le port) "

Christian Viau - Chat noir

Christian Viau - Chat noi

 

Joli clin d'oeil de la part des chats noirs. Le grand Chat Noir a pris la mer, un deuxième chat noir est venu le "remplacer", combler un peu le vide  aux yeux de votre maman. A n'en pas douter vous êtes sous haute protection et je vous souhaite bonheur et réussite en compagnie de votre félin noir marin.

chat noir marin Merci à Patrick.

Les photos et anecdote sont la propriété de Patrick Viau et interdites de reproduction.

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La malédiction d’un chat noir baptisé Briéron.

A Montoir de Bretagne (Loire Atlantique) un musée retrace l’histoire des glorieux marins locaux. Il fait mention d’une anecdote relative à un chat noir baptisé Briéron.  En 1901, le capitaine Adrien Codet, de Trentemoult, prend le commandement du Charlemagne et s’adjoint les services d’un maître d’équipage qu’il a connu à Rio. Superstitieux, le dernier embarque un chat mâle noir sans tache qui, suivant la tradition, portera chance tant qu’il sera à bord. Mais, au moment du chargement de viande, le ratier du boucher effraie le matou Briéron, qui se jette à l’eau et disparaît. Le 11 décembre 1901, chargé de nickel, le Charlemagne quitte Nouméa… et disparaît corps et biens. L’histoire ne s’oubliera pas de sitôt : aux derniers jours de la voile, il n’était pas rare d’entendre à bord d’un grand voilier immobilisé faute de vent, un marin de Montoir s’écrier « Pousse au fond Briéron ! ».


Extrait du chasse marée n° 246 de décembre 2012.

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La légende du château de Combourg

Non loin de la forêt de Brocéliande, domaine de  Merlin l'enchanteur et de la fée Morgane, les contes qui se rapportent au château sont aussi nombreux qu'énigmatiques. Dès le cinquième siècle, des moines irlandais s'installent là, Combourg n'est alors qu'un petit village. Mais, déjà, vient d'y jaillir une fontaine miraculeuse, dont l'eau a le pouvoir de rendre la vue aux aveugles. Plus tard, un lac surgit mystérieusement au pied du château et son eau trop calme reflète encore aujourd'hui, par beau temps, les hautes tours du manoir. Le bâtiment résista aux luttes féodales qui déchirèrent la Bretagne au Moyen-Âge. Il sortit indemne de la guerre de Cent ans et s'enorgueillit alors d'un nouvel édifice, la tour du maure, en souvenir des Croisades. La Tour du Chat, elle, fut construite un peu plus tard. C'est le lieu maudit du château, là d'où partent, dit-on, tous ces sortilèges...La tradition médiévale conduisit, en effet, les seigneurs des lieux à emmurer un chat noir à l'intérieur des parois de pierre de la tour à peine terminée. Chat noir égal Diable, prétendait la sagesse populaire. Le capturer et le tuer à l'intérieur de la tour était une manière de se protéger du démon. C'est ce que l'on fit, en grande pompe. Le malheureux animal fut donc jeté dans un réduit minuscule aménagé dans la pierre et proprement scellé ensuite. Il dut y périr d'asphyxie.

Mais le mauvais sort était conjuré et les châtelains dûment protégés des maléfices du Malin. C'était sans compter compter sur la revanche des esprits !
Le chat noir se mit, en effet, à hanter les couloirs du château. Certains l'ont vu, d'autres entendu. Dans le hall du bâtiment principal, le visiteur peut même acheter une carte postale à l'effigie de cet animal ensorcelé qui, bientôt, s'adjoignit un maître...Car le marquis de Coëtquen promène, lui aussi, son fantôme dans le château, depuis sa mort, survenue au milieu du 18° siècle. Le marquis était un des seigneurs de Combourg. Il perdit une jambe à la bataille de Malplaquet (Hainaut français) le 11 septembre 1709 et s'éteignit dans son lit en 1727. Depuis, chaque nuit du 23 décembre, il balade sa jambe de bois d'escalier en couloir, toquant aux portes de tous ceux qui logent là, faisant trembler de peur, par sa simple présence, les habitants qui se succédèrent ici. Pourtant, assure-t-on, il n'a rien de malfaisant et n'a jamais fait de tort à personne. L'actuelle propriétaire de Combourg, la comtesse de la Tour du Pin-Verclause, s'en arrange fort bien, en digne descendante de François René de Chateaubriand, passa une partie de son enfance dans ce château dans les années 1770.

L'auteur, dans ses Mémoires d'outre-tombe, évoque son enfance solitaire, ses nuits peuplées de cauchemars, dans cette petite chambre située au sommet de la tour du Chat, si loin des appartements de ses parents, de ses frères et soeurs. Le hululement des chouettes, le craquement du soupirail malmené par la bise, étaient bien faits pour nourrir l'imagination brillante du futur écrivain. Par les récits de sa mère, il connaissait bien l'existence du chat et de l'homme à la jambe de bois. " Les gens étaient persuadés, écrit-il dans les Mémoires d'outre-tombe, qu'un certain Comte de Combourg, à jambe de bois, apparaissaît à certaines époques et qu'on l'avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle. Sa jambe de bois se promenait aussi quelquefois seule, accompagnée d'un chat noir." Chateaubriand rapporte par ailleurs que son propre père aurait aperçu le fantôme, un jour qu'il se trouvait dans le grand salon du château. Un homme difforme lui serait apparu, qu'il n'aurait réussi à renvoyer dans les ténèbres qu'en le menaçant d'un tisonnier à la pointe rougie sur la braise... Quant au chat, l'auteur des Mémoires n'en parle pas, et pour cause : son squelette ne fut découvert qu'après sa mort, en 1876, quand Geoffroy de Chateaubriand, son petit-neveu, décida de restaurer le domaine dévasté par la Révolution. Le cadavre momifié, mis à jour au moment des travaux, fut installé dans la petite chambre de l'écrivain.

En face du petit lit, se trouve une commode banale. Mais ce qui s'y trouve est bien loin de l'être :  le cadavre momifié du célèbre chat du château de Combourg...Le corps du félin est intact. Seul manque les poils. Mais l'animal, emporté sans doute par la mort en pleine position d'attaque, est effrayant, avec ses machoires grandes ouvertes sur des petites dents pointues, ses yeux jaunes sans lumière.
A Combourg, dans cette jolie bourgade bretonne, située à une trentaine de kilomètres de Rennes, tout le monde croit dur comme fer à la légende qui se rattache au célèbre château. Une légende inoubliable, puisqu'elle a traversé les siècles, depuis le quatorzième, époque où fut reconstruite une partie du domaine et où se déroulèrent les faits donnant naissance à la légende.

la légende du chateau de Combourg               chateau de Combourg
                                                               Le site du château de Combourg

 

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